(Pékin 1921 - Nyon 2013)
Né dans une famille de grands lettrés, Zao Wou-Ki étudie la calligraphie, puis la peinture chinoise et occidentale à l'École des Beaux-Arts de Hangzhou de 1935 à 1941 où il deviendra par la suite professeur. En 1948, il décide de se rendre à Paris pour poursuivre sa formation, et s'installe à Montparnasse, où il suit les cours d'Othon Friesz à l’Académie de la Grande-Chaumière. Il rencontre alors Jean-Paul Riopelle, Pierre Soulages, Hans Hartung, Alberto Giacometti, Maria Helena Vieira da Silva.
En 1950, la découverte de l’œuvre de Paul Klee à Berne lui fait prendre un tournant radical vers une abstraction atmosphérique, peu à peu dégagée de toute référence tangible du réel.
Il s’initie également à la lithographie à l’imprimerie Desjobert puis illustre de nombreux poèmes, comme ceux de Henri Michaux, Les Illuminations d’Arthur Rimbaud ou l’Œuvre Poétique de Saint-John Perse, ou bien encore La Tentation de l’Occident d’André Malraux… « Dans la tradition chinoise, dit-il en 1988, peinture et poésie sont intimement liées […]. Je ressens ces deux expressions comme étant de même nature, physiquement. Elles expriment l’une et l’autre le souffle de la vie, le tremblement du pinceau sur la toile ou de la main sur le papier pendant que se forme le caractère. Elles évoquent sans représenter, elles révèlent des sens cachés, ceux de l’univers. »
Dès 1952, il multiplie les expositions, tant en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, qu’aux États-Unis. La reconnaissance de son pays d’origine est tardive, puisqu’elle survient en 1983 avec une exposition au musée de Pékin, mais procure une grande joie à l’artiste.
En 1964, Zao Wou-Ki est naturalisé français grâce à André Malraux. N’exprimant ni la réalité extérieure, ni ses propres états d’âme, mais l’âme des choses, il réussit à faire la synthèse entre les moyens techniques de son héritage extrême-oriental - l’élégance synthétique des idéogrammes chinois - et l’ambition plastique et poétique de l’abstraction lyrique occidentale. Il apporte ainsi un démenti au célèbre adage de Kipling selon lequel « Vent d’Est et Vent d’Ouest ne se rencontrent jamais ».